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    Autrefois, au détour de la rue du Sucre Candi, naquit une coquette maison, blanche de murs, rouge de toit et verte en ses volets en bois et ses lierres qui grimpaient et sa pelouse qui tout autour s'étendait.
    Y habitait une gentille famille, un papa très bon et très fort, une maman belle et douce, un enfançon si tendrement immobile qu'on ne savait encore décider s'il était fille, garçon ou rôti de veau garanti nourri au lait de sa vache de mère
    Y résidaient aussi un poisson rigolo dans son bocal d'eau, un oiseau à plumes dans une cage en forme de lune suspendue et un chiwawa qui aboyait quand on lui marchait sur la queue.
    Un jour que Papy et Mamie étaient en visite, Papy fit remarquer que tout ça était bien beau mais qu'il n'y avait pas de chat.
    "C'est vrai que quand il n'y a pas un chat, une maison fait toujours un peu vide" approuva Mamie qui estimait que l'harmonie d'un couple devait se construire jour après jour.
    Et tous deux, l'air de rien, fixèrent l'enfançon qui tétait son pied, l'air absent.
    Papa et Maman soupirèrent de concert sur un impromptu de Schubert qu'avait entonné l'oiseau à plumes qui angoissait sans savoir pourquoi.
    Maman prit un bonnet dans la commode et le tendit à Papa qui s'en couvrit en opinant.
    Et bien qu'il fut déjà tard et que la nuit sur le point de tomber lançait un SOS et que Papa était appelé d'urgence sur un chantier lointain tandis que Maman était convoquée
    au commissariat pour avoir assommé l'épicière qui prétendait lui vendre une vache qui rit qui avait perdu son anneau et lui sanglotait au giron, Papa et Maman s'en furent dans la pénombre chercher un chat, laissant la maison, l'enfançon, l'oiseau, le chiwawa et le poisson à la garde de Papy-Mamy.

    Papa et Maman chevauchèrent en moto dans les rues encombrées.
    Ils se rendirent à l'animalerie mais les propriétaires déclarèrent avec componction qu'ils n'avaient jamais vendu que des chats de race, lesquels avaient été supprimés par décret.
    Papa et Maman roulèrent en auto sur les routes en double et triple file pour se rendre à la SPA, mais ceux-ci peu informés de la conjoncture venaient de les piquer
    Papa et Maman traversèrent des métropoles, des villages enfumés et des cités fumeuses, croisèrent un certain nombre de chats, mais par malchance, ils étaient tous pris,
    par la vieille du coin, le cherpé du quartier, le gars qui bossait à la poste mais qui avait été viré par erreur à la mauvaise adresse,
    Papa et maman pour finir, allèrent trouver un type du milieu qui sous prétexte qu'avoir un chat, éloigne la poisse, avait ratissé les chemins et les toits pour embarquer dans son domaine tous les chats errants. Comme Papa et Maman n'avaient pas assez d'argent pour en acheter un au prix du marché, il leur proposa de le jouer au poker et Papa et Maman acceptèrent parce qu'ils étaient imbattables à ce jeu là. Ctait même comme ça qu'ils s'étaient connus, au Casino de Veauville en Croupions et ce n'était pas parce qu'ils s'étaient rangés en gagnant une coquette maison ... , qu'ils avaient embauché par pitié les anciens proprios comme papy et mamy et accepté du boucher fauché, un pied de veau en gelée en guise d'enfançon, qu'ils n'étaient plus compétents en matière de tricharnak.
    Et bien entendu, ce qui devait arriver, arriva, ils gagnèrent un chat, dix chats puis tous les chats depuis le milieu jusqu'aux bords du domaine.
    Ils transportèrent leur coquette maison avec toute la rue du Sucre Candi incluse, renvoyèrent au caniveau Papy et Mamy qui s'étaient boulotté le pied de veau et décidèrent d'un commun accord que cette fois-ci, c'était fini, ils ne tricheraient plus, ils iraient pour de bon chez le docteur pour se faire fabriquer un délicieux enfançon-éprouvette qui sentirait le beurre frais et l'escalope dorée.


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  • Dans la salle où tous logeaient, il occupait un angle. Tout au début, il en était heureux. Il avait un toit au-dessus de la tête, une couverture, des compagnons. Mais lorsque jour après jour, il les vit faire cercle devant ses yeux, il se sentit exclu et il s’endormit immédiatement ; il était peut-être 16h à peine. Vers trois heures du matin alors que tous étaient assoupis, il prit ses cliques car il ne pouvait rien faire sans, et partit sans demander son reste, puisque ces gens-là n’avaient pas le sens du partage. Quant aux claques qu’il recevait quotidiennement, il fut content de les abandonner là en espérant qu'il ne tendrait plus jamais la joue, par réflexe.

    Ils mirent du temps à s’apercevoir de son départ. C’est un jour que deux d’entre eux ramenèrent une table à discours récupérée dans une ancienne université, qu’ils constatèrent que le bonhomme n’était plus là pour remplacer le 4e pied qui manquait.


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  • Dida: Comment ça se passe ?


    Dadi: ça passe et ça trépasse


    Dida: cad ?


    ..........


    Dida: Tu fais la gueule ?


    Dadi: j'avais pas vu ta réponse; elle était cachée sous le rideau de la fenêtre


    Dida: Alors ?


    Dadi: alors quoi ?


    Dida: qu'est-ce qui trépasse ?


    Dadi: l'année ! boudiou de Dida; il comprend rien


    Dida: on en est qu'au printemps


    Dadi: justement, ça va trop vite; l'hiver prochain, je le sens pas


    Dadi: qu'est-ce que t'es lent ! pas étonnant que tes jours te paraissent longs...


    Dadi: tu pourrais prendre des cours de clavier, quand même


    Dida: LOL


    Dadi: t'as pas autre chose à dire ?


    Dida: c'est la première fois, ce soir


    Dadi: si c comme d'hab, c la première d'une longue série


    Dida: LOL


    ..................


    Dida: le langage est un mensonge


    Dadi: c'est pourquoi tu parles peu ?


    ..........................


    Dadi: tu préfères que ce soit moi qui mente ?


    Dida: LOL


    ..........................


    Dida: je préfère ne pas avoir les mains sales


    Dadi: t'as pas besoin de parler avec les mains


    Dadi: fais ça avec la langue comme tout le monde


    Dadi: après, tu bois un bon coup de vin d'chez toi pour rincer


    Dida: tu tapes sur les touches avec la langue, t tétraplège ?


    Dadi: dans l'écrit, le maître reste la langue, c pourquoi on dit langage et non maingage


    Dida: oui, mais l'instrument utilisé ici est la main


    Dadi: la main d'oeuvre est subalterne


    Dadi: j'en ai assez; c pas drôle


    Dadi: fais travailler ta langue, bave un peu, tu y gagneras en fluidité


    Dadi: ça doit couler


    Dida: COOL


    Dadi: tu vois, tu progresses déjà


    Dadi: je suis sûr que tu ne craches jamais


    Dida: jamais contre le vent !


    Dadi: pourquoi faudrait-il toujours cracher contre quelqu'un ou quelque chose ?


    Dadi: on peut faire ça pour la beauté du jet


    Dida: si on crache contre le vent, on peut ravaler sa propre morve


    Dadi: berk, le dégueulasse; je parle de salive pas de glairs


    Dadi: si t'as la crève, faut te soigner


    Dadi: bref, toi quand tu craches, c que t'as une crève à expulser donc trouille des saletés qui sortent et si quelqu'un les voit, t obligé de tout ravaler ?


    Dida: pk me fais-tu dire des trucs que j'ai même pas murmuré ?


    Dida: tu serais pas gaucho par hasard ?


     


     


     


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