• Meurtriers sans visage

    Meurtriers sans visage de Henning Mankell (Suède)  ed. Christian Bourgeois


    De la désespérance résignée et solitaire , de la maladie qui sommeille et de l'angoisse plate pour ce polar que j'ai lu avec intérêt et rapidement car comme toujours chez les scandinaves, c'est très lisse, très lié, pas tellement de retours en arrière ni de digressions, juste deux enquêtes parallèles sur fond de problème d'immigration qui m'a l'air d'être primordial dans toute l'Europe. On y voit que les Suédois comme ailleurs, ont bien du mal avec les "étrangers" et reprochent à leur gouvernement un certain manque de rigueur dans leur manière de gérer la situation.


    J'ai apprécié les descriptions sobres de paysages et sentiments pourtant trop peu nombreux à mon goût.


    Extrait


    "Je suis vieux, se dit-il. Vieux et usé. Chaque matin en me réveillant, je m'étonne toujours autant d'avoir soixante-dix ans.


    Il regarde à l'extérieur dans cette nuit hivernale. C'est le 8 janvier 1990 et il n'a pas encore neigé, cet hiver-là, dans cette province méridionale de la Suède qu'est la Scanie. La lampe située au-dessus de la porte de la cuisine éclaire le jardin, le châtaignier dénudé er, au-delà, les champs. Il plisse des yeux pour regarder en direction de la ferme voisine, celle des Lövgren. Le long bâtiment blanc et bas est plongé dans l'obscurité. Une lampe jaune pêle brille au-dessus de l'écurie qui forme un angle droit avec la maison d'habitation. C'est là que se trouve la jument, dans son box, et c'est là qu'elle se met à hennir d'inquiétude, chaque nuit.


    ..................


    (à propos de sa femme qu'il vient d'entendre)


    Jadis, nous nous aimions, se dit-il. Mais il écarte aussitôt cette pensée. Aimer, c'est un trop grand mot. Il n'est pas fait pour des gens comme nous. Quelqu'un qui a été paysan pendant quarante ans, toujours plié en deux sur cette lourde argile de Scanie, n'utilise pas le mot amour pour parler de sa femme. Dans notre vie, l'amour a toujours été quelque chose de bien différent...


    Il observe la maison des voisins, plisse les yeux, essayant de percer les ténèbres de cette nuit d'hiver.


    Hennis donc, pense-t-il. Hennis dans ton box afin que je sache que tout est en ordre. Et que je puisse aller me recoucher un moment. La journée de l'agriculteur en retraite, tout perclus de douleurs est déjà bien assez longue et pénible comme ça."


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