• plus rien dans le placard ?


    pas grave, à condition qu'il me reste encore des sous dans les poches et du crédit à la banque, je descends dans la rue où s'alignent épicerie ou plutôt supérette, boulangerie, marché...


    ou, mieux, je prends la voiture, un hyper, deux hyper, trois... tous noyés de denrées diverses


    maintenant, supposons, que les livreurs cessent de livrer, c'est d'ailleurs déjà arrivé avec les grèves des transports routiers, ou encore une pénurie de carburant, par exemple


    pire, que sous l'effet d'une catastrophe quelconque, climatique ou autre, les producteurs cessent de produite la matière de nos repas, céréales, primeurs, laitages, viandes et poissons...


    Pour combien de temps, disposons-nous de réserves alimentaires ?


    Quelles sont les variations de stock d'un hyper que l'on n'aura pas ravitaillé, en 3 jours, 8 jours, un mois...


    la vraie question, enfin,


    si l'on considère que les réserves sont bien protégées, seront-elles suffisantes pour nous donner le temps de trouver des solutions ?


    pour combien de temps, aura-t-on à manger, avant la totale disette ?


    Je viens de lire la réponse et elle est assez édifiante


     d'après les spécialistes, nous en avons pour 57 jours si l'on compte tous les habitants de la planète


    vous me direz peut-être que l'on n'est pas obligé de les inviter et que pour peu que nos territoires ne soient pas trop touchés, on pourra doubler l'espérance alimentaire


    Admettons mais cela reste catastrophique


    à la condition de laisser crever rapidement la moitié de la population mondiale, on en aurait juste pour moins de 120 jours, rejoignant là l'état des réserves en 1999 qui donne 116 jours en 1999 mais pour toute la planète


    ceci non seulement parce que la population était moins nombreuse mais aussi parce que la production céréalière assurait davantage qu'aujourd'hui où chaque année, tristesse et désolation, elle diminue


    nous sommes en chute de production, terres épuisées ou urbanisées


    facteurs aggravants: les biocarburants comme l'éthanol, par exemple, issu du maïs ou encore la production de viande, bouffeuse de prairie, comme le boeuf >7kgs de céréales pour 1kg de bidoche, le porc > 4 kgs pour 1kg


    bon, maintenant, tout ça, c'est rien que des statistiques, en live, parfois, il arrive des miracles


    Hare Krishna, Allah Akbar et que le Seigneur vous bénisse


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  • Etre née à Alger dans les années 50, c'est être née dans un mensonge aussi multiforme que totalitaire que l'on repérera ensuite dans chaque rouage social et politique, où que l'on soit, même les yeux cousus à petits points fermés.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>


    Entendre à la radio, un soir parmi d'autres identiques, qu'Alger fut tranquille toute la journée alors que l'on avait mitraillé plusieurs personnes dans la rue, et fait exploser des immeubles dans le quartier voisin, me fera douter à vie, de toute information distribuée par les médias.

    <o:p> </o:p>


    Dans mon monde, chacun est différent de ce que l'on croit. Chacun peut révéler des trésors de bonté comme de cruauté, la plus profonde intelligence comme la plus sombre bêtise. Il n'y a rien qui vienne vous indiquer tout ce que peut faire ou penser un individu donné sinon votre propre tête et l'on fait tout pour l'embrumer. Toutes les étiquettes sont truquées et ne servent que ceux qui les ont collées là. Et tout se complique quand on sait qu'en tout être humain règne un colleur d'étiquettes.




    Il n'y a rien de sûr, rien de déterminé. L'univers entier est en mouvement, entraînant avec lui, les vivants et les morts dans une histoire qui les dépasse mais dont chacun possède une télécommande au fonctionnement aléatoire mais irréversible. Attention de bien zapper, les mecs et tous en même temps, sans regarder le voisin, des fois qu'il se gourerait encore davantage que vous.




    Une grosse et grasse plaisanterie. Combien de chances sur des milliards qu'on se branche sur le même programme ? de la différence naît la division mais la différence est indispensable à l'existence




    Ou alors direct au nirvana, un grand bond juste avant le big bang, là où l'on se pétrifie dans l'éternité. Est-ce vraiment là la solution ?

    <o:p> </o:p><o:p> </o:p>


    Je me méfie des bons sentiments. De cette gentillesse affichée à coups de sourires au bébé.




    Du tout va bien entre gens bien, quel que soit le groupe envisagé qui se surprend lui-même par sa pensée droite, juste et policée.




    Je me méfie de ceux qui positivent, le sourire à pleines dents et l'œil compassionnel.




    La convivialité me demande trop d'efforts d'adaptation.




    Et les fleurs fraîchement coupées par les autres me font frissonner.




    Je préfère alors les cueillir moi-même ou tout au moins les acquérir de mon propre gré.




    Au moins, je sais leur avoir demandé pardon.

    <o:p> </o:p>


    comme Büchner « Jetzt bin ich ruhig »


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  • selon la morale ordinaire, il est tout aussi inutile que dangereux pour la grenouille de se faire aussi grosse que le boeuf et aussi l'on a souvent besoin d'un plus petit que soi

    tout cela pour dire qu'à chacun ses dons et ses pouvoirs et que le petit n'est pas moins utile que le grand et que par conséquence, il n'est pas nécessaire pour lui de changer de statu(t)re

    le I-king taoïste le démontre dans l'un de ses hexagrammes, le 62, Xiao guo, où le petit arrive au centre, illustrant ainsi qu'il est en situation où sa souplesse lui permet le passage vers le meilleur


    Il est dit ainsi que "le petit"

      passe dans l'action selon le respect

      passe dans le deuil selon le chagrin

      passe dans l'usage selon l'économie



    citation traduite par Michel Vinogradoff dans le I-king à tire d'ailes 






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  • Vu avec un plaisir d'enfant les Pirates des Caraïbes, joué par un Johnny Depp au meilleur de sa forme. Un bonheur à tiroirs où se joue un jeu délirant à force de prendre conscience de son caractère illusoire et qui pourrait finir par atteindre la réalité si l'on s'y laissait aller.

    Mais je me demandais pourquoi j'avais été chiffonnée quelque part à un moment de la projection.

    Je cherchai le lien qui faisait que, peu après, ayant vu quelques photos désastreuses d'enfants libanais blessés, l'association d'idées, pirates des Caraïbes, images de guerre me renvoyait au fameux épisode du supplicié chinois (à partir d'un cliché représentant un condamné au supplice des mille morceaux /lingchi aux environs de 1906 juste avant que ce supplice ne soit interdit) commenté par Bataille dans Les larmes d'Eros et qui, outre son propos fasciné et ambigu, lequel est parfois remis en question par ses critiques, illustre cette volonté dont il est difficile parfois de cerner la nature, qui nous pousse à la contemplation de l'horreur.

    Depuis longtemps, je me pose la question puisque mon père possédait des photos prises en déportation, non par lui mais par d'autres et dont je ne savais l'origine. Et je me posais la question de savoir, pourquoi il les avait acquises et gardées alors qu'il avait été prisonnier dans ces camps et revenu lui-même dans un état lamentable. Pourquoi, alors que le souvenir de ces jours-là le faisait parfois hurler et sangloter la nuit, pourquoi les possédait-il ? est-ce qu'il les regardait ?



    Je n'en savais rien et ces photos étaient totalement tabous, je les avais dénichées lors de fouilles dans la chambre de mes parents lorsqu'ils étaient absents. J'avais peut-être six ou sept ans et j'allais souvent regarder les brochures sexy qu'ils dissimulaient dans leur armoire et dans leur table de chevet, ils les appelaient à l'époque les revues « cochonnes » mais il n'y avait pas grand-chose sinon des starlettes en robes décolletées sur des poitrines généreuses ou encore en bikini ou bien des scènes de baiser et je cherchais instinctivement plus costaud quand, sous une pile de linge, j'ai trouvé une enveloppe et dedans des photos de petit format et aussi quelques coupures de journaux à peine lisibles. Elles représentaient des hommes faméliques au regard hagard, vaquant à des occupations peu définissables ou encore une foule de gens des deux sexes, blèmes et nus, il y avait aussi un cliché très flou et très sombre d'une femme en plan américain qui paraissait assise, et dont la tête penchée sur le côté était dissimulée par une longue et épaisse chevelure ondulée qui me fit immédiatement penser à celle de ma mère, son sein gauche formait une tache oblongue très blanche où le téton était absent, comme ébloui par un flash inopportun et l'autre était un tel brouillis de lignes brisées et de taches qu'il me semblât arraché alors que je regardai attentivement le détail.



    Pendant des mois, chaque fois que ma mère oubliait de fermer sa porte à clef alors qu'elle partait faire une course rapide, j'allais rapidement à la cachette pour regarder une nouvelle fois ces photos.



    A propos de Bataille et du passage consacré au supplicié chinois, dans les Larmes d'Eros, Jérôme Bourgon dans son étude http://turandot.ish-lyon.cnrs.fr/Essay.php?ID=27 a parfois des réflexions surprenantes



    la fascination de Bataille pour ces clichés me paraît pourtant compréhensible car ce face à face avec l'horreur indicible provoque l'empathie avec l'inconcevable qui pourtant existe en nous au point que je suis sûre qu'il est gravé dans le plus profond de nos cellules. Cela réveille la mémoire génétique et, comme je le pense pour ma part, karmique, de l'atroce que nous avons subi et fait subir, de cette recherche identitaire abominable qu'il y a de vouloir sonder l'humain jusqu'à en atteindre le noyau, au prix de la plus grande souffrance, de cette volonté destructrice de l'effacer qui le mène au bout du compte, en un enfer.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Bien sûr, il faut maintenir ces distances et relativiser de telles images mais sans aucun doute,  elles sont nécessaires et il faut soutenir le travail des reporters des guerres et des catastrophes car le témoignage est essentiel même s'il semble  parfois complaisant. Je reste certaine que les victimes ont un besoin absolu que les autres sachent ce qu'ils ont subi.



    Mais, parallèlement, il faut continuer plus que jamais à contempler la beauté et l'harmonie pour ne jamais être submergé par l'horreur et ne pas oublier que si l'extase peut atteindre le supplicié, c'est parce qu'il a fait la démarche rare de se détacher et de se diriger vers la lumière et non le contraire, ce qui reste très exceptionnel. La douleur, la voie de la contrainte, de la souffrance, de la mortification des chairs et du sadisme ne mènent la plupart du temps qu'au gouffre.



    J'ai finalement trouvé le lien entre Pirate des Caraïbes et le supplicié chinois bien qu'il n'est pas direct et que l'élément ancien me manquait. Je ne le connaissais pas avant aujourd'hui. Une séquence du film présente les hommes du Capitaine Sparrow prisonniers dans des cages suspendues



    Or, voici ce que je trouve dans la série des différents clichés concernant « le supplice chinois » sur le site déjà sus-nommé

    <o:p> </o:p>

    Bien sûr dans le film, celles-ci sont sphériques et fabriquées avec des ossements. Néanmoins c'est bien cette séquence qui m'avait troublée et la ressemblance avec les cages chinoises, est grande.


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  •   Il y a des fois où le flux des pensées ne permet pas l'écriture ou alors il se rompt; et l'on reste en soi à l"éprouver sans en rien faire. Cette sensation m'est familière que ce qui doit s'attraper s'échappe tout aussitôt ; en ces conditions pourquoi tendre le bras vers le clavier, surtout pour énoncer indéfiniment, et souvent plus maladroitement, ce que les autres ressentent, pensent, disent et écrivent.
    Peut-être un reste de fièvre d'été qui me rend mélancolique et saisie par l'inanité.
    Peut-être aussi parce qu'en ce moment tout le monde me parle du Liban et que je ne suis d'accord avec personne.
    La guerre crée l'enfer, on ne le sait que trop ou tout au moins on le supposerait car il est probable que quoi qu'ils en disent, beaucoup n'ont pas suffisamment compris cet enfer de désespérance où certains s'enfermeront dans la souffrance et l'obscurité sans plus jamais croire en l'amour, la beauté, la lumière.
    Il reste que l'homme est l'homme et qu'aucun choix n'est futile ni sans conséquence et que les causes et effets s'enchaînent en machine infernale.
    Et là l'innocence n'existe pas, ni celle des civils ni celle des guerriers, ni celle dont les existences sont en jeu ni la nôtre. Chacun est un paramètre essentiel à tout développement futur d'une situation donnée. Cracher sur les Juifs pendant des siècles nous a mené à l'Israël, boosté Jérusalem, axis mundi des monothéismes et donc de l'intolérance. L'abondance des dieux permettait d'intégrer celui de l'étranger à son propre panthéon,  on pouvait concevoir qu'il en existait certains que l'on ne connaissait pas encore et leur faire bon accueil.
    Tandis que prétendre qu'il n'y a qu'un seul dieu ne résoud rien dès le moment où l'on considère que c'est son dieu à soi le meilleur
    Les chrétiens confits de mea culpa ont replacé Juda en son lieu d'origine dans un mouvement de bascule historique où l'ancien mis à mort et ressuscité devenait porteur de renouveau tandis que le benjamin des révélés, le monothéisme le plus récent, l'Islam, fourbissait des armes anciennes que l'on avait enterrées à force de révolutions démocratiques et de laïcité reconnue et acceptée même si partout son nom n'est pas le même.
    Là-dedans le Liban, si petit pays, traversé par tant de philosophies et de croyances diverses est, apparemment, tantôt un espoir d'œcuménisme, tantôt un chaos ; il est comme un joli bateau qui voguerait ça et là sans prêter attention au temps qu'il fait, soleil ou bien tempête, alors qu'il craint particulièrement les intempéries. Et il semble que les idéalistes de tout crin, en mal d'arche de Noé, le poussent encore en cette illusion que l'on peut voguer loin en abritant le meilleur et le pire comme cet Hezbollah qui porte un AK-47 sur son drapeau et qui reste le premier employeur du Liban (source wikipedia).
    Sommes-nous toujours réduits au comportement basic : manger ou être mangé ou peut-on enfin cesser ce cannibalisme suicidaire ?
    je n'en sais rien de rien, ce matin
    je me méfie des grandes manifestations collectives, de tous ceux qui se regroupent dans un camp ou dans un autre fut-ce au nom de la paix
    je crois assez au geste juste que chacun peut faire au quotidien dans sa propre vie, ne jamais prendre ce qui appartient à l'autre et toujours l'estimer quoi qu'il puisse être, substituer l'obligation d'être au droit d'avoir
    je ne crois finalement qu'aux toutes petites choses, celles que l'on peut résoudre directement avant qu'elles ne soient prises dans la tourmente et grossies comme boules de neige et déjà c'est là tout un travail que doit accomplir chacun en sa propre responsabilité
    chacun de nous est un rouage essentiel dont on ne peut prétendre qu'il soit interchangeable, on ne peut prendre la place de l'autre et agir en son nom que selon des modalités étroitement circonscrites






    Il nous faut aussi veiller à ne pas nous libaniser nous-mêmes, à ne pas idéaliser outre mesure les rapports humains en prétendant que peuvent coexister paisiblement des cultures qui s'opposent sur bien des points.
    Elles peuvent parfois, ponctuellement, s'harmoniser, le temps d'une soirée entre amis mais jamais de manière continue. Nous n'en sommes pas encore là. Il faut reconnaître notre peu d'intelligence, pas seulement celle de l'autre, la nôtre aussi. Et ne pas espérer changer en un clin d'œil. Tout prend du temps. Celui qui se force à jeûner n'est pas un sage pour autant car la sagesse ne s'improvise pas, elle se construit à force d'expériences cruelles et de millénaires d'histoire.


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