• EDF-GDF

    (déjà!)

    Gaz de France souhaite majorer ses tarifs pour satisfaire sa clientèle  (l'Aurore, 1er juillet 1976)

    Extrait de La plage d'après Marie Darrieusecq dans une nouvelle du même nom tirée du recueil Zoo:

    "La plage est mâle et femelle, cambouis et crinoline, abysses et cachalots. Dans l'enfance et sur la plage, lieux conjugués, s'apprennent les limites: leur incertitude, le doute. c'est la plage qui, grain par grain, donne aux enfants leur première idée de l'infini. Les repères se déplacent, marée haute et marée basse; algues, bois flotté; os de seiche, bouteilles en plastique, coquilles vides et mouettes. La plage résiste à ce que je sais du monde terrestre: le passé et le présent, la vie et la mort, le masculin et le féminin; puisque ni le sable ni l'eau n'ont d'âge, puisque tout se mélange, bord de l'eau et bord du sable; les semences flottent au hasard des vagues et les épaves servent de jouets, les algues échouées sont vivaces. L'univers est mouvant, indécis mais stable. Déjà, je suis à ce rendez-vous, la mer, toujours présente et toujours différente, et les chansons recommencent..."


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  • Meurtriers sans visage de Henning Mankell (Suède)  ed. Christian Bourgeois


    De la désespérance résignée et solitaire , de la maladie qui sommeille et de l'angoisse plate pour ce polar que j'ai lu avec intérêt et rapidement car comme toujours chez les scandinaves, c'est très lisse, très lié, pas tellement de retours en arrière ni de digressions, juste deux enquêtes parallèles sur fond de problème d'immigration qui m'a l'air d'être primordial dans toute l'Europe. On y voit que les Suédois comme ailleurs, ont bien du mal avec les "étrangers" et reprochent à leur gouvernement un certain manque de rigueur dans leur manière de gérer la situation.


    J'ai apprécié les descriptions sobres de paysages et sentiments pourtant trop peu nombreux à mon goût.


    Extrait


    "Je suis vieux, se dit-il. Vieux et usé. Chaque matin en me réveillant, je m'étonne toujours autant d'avoir soixante-dix ans.


    Il regarde à l'extérieur dans cette nuit hivernale. C'est le 8 janvier 1990 et il n'a pas encore neigé, cet hiver-là, dans cette province méridionale de la Suède qu'est la Scanie. La lampe située au-dessus de la porte de la cuisine éclaire le jardin, le châtaignier dénudé er, au-delà, les champs. Il plisse des yeux pour regarder en direction de la ferme voisine, celle des Lövgren. Le long bâtiment blanc et bas est plongé dans l'obscurité. Une lampe jaune pêle brille au-dessus de l'écurie qui forme un angle droit avec la maison d'habitation. C'est là que se trouve la jument, dans son box, et c'est là qu'elle se met à hennir d'inquiétude, chaque nuit.


    ..................


    (à propos de sa femme qu'il vient d'entendre)


    Jadis, nous nous aimions, se dit-il. Mais il écarte aussitôt cette pensée. Aimer, c'est un trop grand mot. Il n'est pas fait pour des gens comme nous. Quelqu'un qui a été paysan pendant quarante ans, toujours plié en deux sur cette lourde argile de Scanie, n'utilise pas le mot amour pour parler de sa femme. Dans notre vie, l'amour a toujours été quelque chose de bien différent...


    Il observe la maison des voisins, plisse les yeux, essayant de percer les ténèbres de cette nuit d'hiver.


    Hennis donc, pense-t-il. Hennis dans ton box afin que je sache que tout est en ordre. Et que je puisse aller me recoucher un moment. La journée de l'agriculteur en retraite, tout perclus de douleurs est déjà bien assez longue et pénible comme ça."


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  • L'énigme de la pierre Oeil-de-Dragon de He Jiahong,  Ed de l'Aube (Aube noire)

    Ici le héros est un avocat de Pékin qui est aussi détective à la manière des romans noirs américains, soutenu dans ce rôle par sa mignonne jeune collaboratrice Song Jia.

    Le roman a des côtés très Rouletabille revu par Spielberg. Y est illustrée la superstition villageoise revue et corrigée successivement par les années rouges puis la nouvelle démocratie. Prétexte pour raconter des vies dont on dresse de brefs historiques lourds de passages difficiles, de frustrations, de désolation, mais chapeautés d'espoir et de renouveau. D'autant plus que le ton reste reste assez léger et qu'un peu d'humour jalonne l'histoire.

    Un sujet bien plus grave touchant aux débordements technologiques sur l'environnement reste dans l'ombre jusqu'à la fin.

    Extrait 

    "Mille pensées assaillaient Hong Jun (l'avocat-détective) tandis qu'il attendait, assis sur le siège arrière de sa voiture. L'homme, pensait-il, est capable de se fourvoyer de manière absurde de mille et une façons: c'est ce qu'on pourrait appeler "les domaines de l'errement humain". Dans une certaine mesure, on pourrait comparer ces domaines de la vie humaine aux terrains marécageux qu'on trouve dans la nature. Celui dont le comportement se dérègle peut encore se libérer s'il décide, le plus vite possible, de faire marche arrière; mais s'il est possédé, comme sous l'effet d'un charme, au point de perdre toute capacité de jugement, il ne peut que s'enfoncer encore et toujours jusqu'à un point de non-retour. Les domaines dans lesquels l'homme est capable de tous les excès sont légion: celui des richesses, celui du pouvoir ou bien des honneurs ou encore des plaisirs de la chair et autres objets de concupiscence. De plus, ces choses-là exercent sur l'homme une attraction et une fascination extraordinaire, auxquelles il lui est bien difficile de résister et qu'il est bien incapable de reconnaître comme telles. Certains cherchent par tous les moyens de se tenir à l'écart de ces terrains dangereux (ça me fait penser au film japonais Unloved mettant en scène Mitsuko, une jeune femme qui ne veut pas changer ni de classe ni de mode de vie) et d'autres y foncent, tête baissée, répétant ainsi, l'un après l'autre, la série des tragédies qui jalonnent la vie de l'homme ! En réalité, la vie n'offre pas à l'homme une infinité de solutions nouvelles, mais il appartient à chacun, selon sa nature, de répéter à sa façon l'histoire de ceux des générations qui l'ont précédé." 


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  • Visa pour Shanghai de Qiu Xiaolong,  Ed. Liana Levi

    Une enquête de l'inspecteur Chen accueillant une collègue américaine et mettant en scène les passages clandestins des paysans chinois vers les Etats-Unis. Un roman tout à la fois sobre et coloré où l'on comprend que si l'on a pu remarquer que les Chinois sont de grands fabriquants de petits thermos, c'est parce que lors du service du thé, 'un thermos d'eau chaude accompagne le bol au fond duquel sont posées les feuilles de thé.

    Ici Chen tente de faire comprendre à l'inspecteur Catherine Rohn, les problèmes de surpopulation qui ont entraîné les lois sur la limitation des naissances, lois aux conséquences souvent cruelles pour les ménages et particulièrement pour les femmes:

    Extrait

    "....Si vous étiez un Chinois ordinaire, vivant dans ce pays depuis plus de trente ans, vous verriez les choses d'un autre oeil.

    - C'est à dire ?

    ....

    - Vous auriez vécu certaines choses. Trois générations vivant sous un seul toit, dans une seule pièce... des autobus bourrés à craquer de passagers entassés comme des sardines... des couples récemment mariés obligés de dormir dans leur bureau en signe de protestation contre les diktats de la Commission du logement... Prenez l'Inspecteur Wu, il n'a même pas de logement à lui, la pièce où il vit avec sa famille était la salle à manger du Vieux Chasseur (le père de l'inspecteur Wu). A neuf ans, Qinqin, son fils, dort toujours dans la même pièce que ses parents (où ils cuisinent et mangent aussi). Pourquoi ? à cause de la surpopulation. Nous manquons de logements, et même d'espace pour tout le monde. Comment un gouvernement pourrait-il ne rien faire pour tenter d'y remédier ?"

     


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  • Je médite et réflexionne beaucoup en ce moment, peut-être à cause des polars chinois tout tartinés de pensées confucéennes et d'infos très cultivantes.

    Ainsi j'ai appris pour ma gouverne que les Chinois étaient munis d'un hukou en guise de carte d'identité et que celle-ci correspond en fait à une carte de séjour valable pour le lieu où ils résident, ville ou village. Ce truc-là rend plus compliquées les migrations de ville en ville, de région en région.

    un truc aussi: les Chinois ont inventé le chauffage par le sol puisque le kang est un large lit de briques ou de bois chauffé par en dessous, qui sert de lieu de vie à la famille, de jour comme de nuit.

    Les polars suédois sont également inspirant, je dirais même expirant puisqu'ils sont tout de même souvent imprégnés de tristesse existentielle, couples qui se défont, difficultés diverses, défaut de motivation. Un truc de climat, ça.

    Sûr que les tempêtes et la nuit polaire, ça rend pas rieur.

    Bon, j'ai la flemme d'aller chercher mes bouquins pour vous indiquer titres et auteurs; ils sont tous très bien.

    je vous dirai ça demain, au cas où...


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