• La controverse des temps

    Dans La controverse des temps, sous couvert de conter une intrigue amoureuse entre deux amis, une prof de fac et un maître soufi, Rajae Benchemsi emprunte les traits d'une jeune universitaire pour nous livrer toute une série de portraits de membres de l'élite marocaine, déplore leur attachement au "vainqueur"  d'hier, leur « modernité » et leur goût « démocratique » de comédie, dénonce une falsification de l'histoire marocaine par l'occident et particulièrement la France, bien sûr, la colonisatrice.
    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Rajae Benchemsi raconte sa fascination pour son propre pays, ses traditions, son architecture, sa poésie, ses chants, ses conteurs, ses sultans (Moulay Ismaïl dont elle nie la cruauté dont les Européens ont témoigné) ses grands penseurs (Averroe dont elle affirme l'appartenance à l'Islam) elle dit la beauté des femmes qu'elle louange, la sagesse et l'intelligence des hommes (particulièrement son héros, le maître soufi Ilyas), déplore l'influence occidentale.
    La spiritualité marocaine s'oppose tout au long à ce qui apparaît comme un vide de la démocratie car la comparaison entre orient et occident s'inscrit en filigrane tout au long du roman. Et, bien sûr, elle n'est guère à notre avantage.
     Rajae Benchemsi est riche des deux cultures, la marocaine et la française. Elle est sans nul doute une lettrée qui n'ignore rien des philosophes qu'ils soient grecs, allemands ou autres, ni de la littérature française, ni des rites catholiques, ni de la musique classique de chacun des continents. Bref c'est une femme supérieure qui s'acharne à le montrer tout au long des pages de son bouquin comme elle s'attache à faire la preuve que le Maroc est également un pays supérieur doté d'une spiritualité à nulle autre pareille.
    Il reste que malgré les argumentations boiteuses et fallacieuses, c'est un très joli roman qui raconte les contradictions entre maroc d'hier et d'aujourd'hui et les difficultés pour sa population d'intégrer traditions et modernité, je dirai plutôt, pour ses cadres, car il n'est pas question d'autres gens et surtout des plus pauvres, si l'on excepte les conteurs et les sages.
    L'extase et la place qui lui est accordée à travers la récitation poétique ou coranique ou encore les chants y est extrêmement bien décrite.
    <o:p> </o:p>« Houda inondée de chaudes larmes, se laissa gagner par l'euphorie générale. Jamais elle n'avait éprouvé un tel sentiment de plénitude. « J'ignore le sens d'un tel état, pensa-t-elle, mais il ne fait aucun doute que cela émane de l'essence même du beau et du bonheur. » Les chanteurs se turent les uns après les autres et soudain s'éleva une voi qu'on pourrait, selon les critères classiques, comparer à un contralto. Mais, très étrangement, si elle se tendait à l'extrême limite de la gamme des aitus, elle descendait aussi vers des groupes presque sombres. Ces variations, quasi contre nature augmentaient son mystère et la rendaient proprement divine."
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