• Dans Tout est illuminé de l'écrivain américain, Jonathan Safran Foer que je ne me lasse pas de relire, au chapitre Le livre des rêves récurrents, 1791, lors d'une réunion de la congrégation des Avachistes, "le cultivateur de pommes de terre atteint de narcolepsie Didl S" dit: "Il est de la plus grande importance que nous nous rappelions" ... "Le quoi n'est pas si important. Ce qui compte c'est que nous devrions nous rappeler. C'est l'acte de se rappeler, le processus de la mémoire, la reconnaissance de notre passé..."



    Je pense pareil que Didl bien que ma mémoire soit toute trouée. Peut-être parce que cela fait longtemps que j'essaie de me souvenir de ce qui est arrivé bien avant ma naissance, alors bien sûr, le grand passé, le petit et le présent fusionnent parfois et je perds mes repères.



    Afin de  ne pas m'emmêler les écritures comme j'en ai la triste habitude, j'ai donc ouvert un blog souvenirs.


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  •   Il y a des fois où le flux des pensées ne permet pas l'écriture ou alors il se rompt; et l'on reste en soi à l"éprouver sans en rien faire. Cette sensation m'est familière que ce qui doit s'attraper s'échappe tout aussitôt ; en ces conditions pourquoi tendre le bras vers le clavier, surtout pour énoncer indéfiniment, et souvent plus maladroitement, ce que les autres ressentent, pensent, disent et écrivent.
    Peut-être un reste de fièvre d'été qui me rend mélancolique et saisie par l'inanité.
    Peut-être aussi parce qu'en ce moment tout le monde me parle du Liban et que je ne suis d'accord avec personne.
    La guerre crée l'enfer, on ne le sait que trop ou tout au moins on le supposerait car il est probable que quoi qu'ils en disent, beaucoup n'ont pas suffisamment compris cet enfer de désespérance où certains s'enfermeront dans la souffrance et l'obscurité sans plus jamais croire en l'amour, la beauté, la lumière.
    Il reste que l'homme est l'homme et qu'aucun choix n'est futile ni sans conséquence et que les causes et effets s'enchaînent en machine infernale.
    Et là l'innocence n'existe pas, ni celle des civils ni celle des guerriers, ni celle dont les existences sont en jeu ni la nôtre. Chacun est un paramètre essentiel à tout développement futur d'une situation donnée. Cracher sur les Juifs pendant des siècles nous a mené à l'Israël, boosté Jérusalem, axis mundi des monothéismes et donc de l'intolérance. L'abondance des dieux permettait d'intégrer celui de l'étranger à son propre panthéon,  on pouvait concevoir qu'il en existait certains que l'on ne connaissait pas encore et leur faire bon accueil.
    Tandis que prétendre qu'il n'y a qu'un seul dieu ne résoud rien dès le moment où l'on considère que c'est son dieu à soi le meilleur
    Les chrétiens confits de mea culpa ont replacé Juda en son lieu d'origine dans un mouvement de bascule historique où l'ancien mis à mort et ressuscité devenait porteur de renouveau tandis que le benjamin des révélés, le monothéisme le plus récent, l'Islam, fourbissait des armes anciennes que l'on avait enterrées à force de révolutions démocratiques et de laïcité reconnue et acceptée même si partout son nom n'est pas le même.
    Là-dedans le Liban, si petit pays, traversé par tant de philosophies et de croyances diverses est, apparemment, tantôt un espoir d'œcuménisme, tantôt un chaos ; il est comme un joli bateau qui voguerait ça et là sans prêter attention au temps qu'il fait, soleil ou bien tempête, alors qu'il craint particulièrement les intempéries. Et il semble que les idéalistes de tout crin, en mal d'arche de Noé, le poussent encore en cette illusion que l'on peut voguer loin en abritant le meilleur et le pire comme cet Hezbollah qui porte un AK-47 sur son drapeau et qui reste le premier employeur du Liban (source wikipedia).
    Sommes-nous toujours réduits au comportement basic : manger ou être mangé ou peut-on enfin cesser ce cannibalisme suicidaire ?
    je n'en sais rien de rien, ce matin
    je me méfie des grandes manifestations collectives, de tous ceux qui se regroupent dans un camp ou dans un autre fut-ce au nom de la paix
    je crois assez au geste juste que chacun peut faire au quotidien dans sa propre vie, ne jamais prendre ce qui appartient à l'autre et toujours l'estimer quoi qu'il puisse être, substituer l'obligation d'être au droit d'avoir
    je ne crois finalement qu'aux toutes petites choses, celles que l'on peut résoudre directement avant qu'elles ne soient prises dans la tourmente et grossies comme boules de neige et déjà c'est là tout un travail que doit accomplir chacun en sa propre responsabilité
    chacun de nous est un rouage essentiel dont on ne peut prétendre qu'il soit interchangeable, on ne peut prendre la place de l'autre et agir en son nom que selon des modalités étroitement circonscrites






    Il nous faut aussi veiller à ne pas nous libaniser nous-mêmes, à ne pas idéaliser outre mesure les rapports humains en prétendant que peuvent coexister paisiblement des cultures qui s'opposent sur bien des points.
    Elles peuvent parfois, ponctuellement, s'harmoniser, le temps d'une soirée entre amis mais jamais de manière continue. Nous n'en sommes pas encore là. Il faut reconnaître notre peu d'intelligence, pas seulement celle de l'autre, la nôtre aussi. Et ne pas espérer changer en un clin d'œil. Tout prend du temps. Celui qui se force à jeûner n'est pas un sage pour autant car la sagesse ne s'improvise pas, elle se construit à force d'expériences cruelles et de millénaires d'histoire.


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